Poésie
Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot
- A.R.
J’ai passé l’été à relire Une saison en enfer
Les pieds trempés dans le crépuscule
d’un septembre agonisant
J’ai égaré ma prose au tournant d’un été
passé l’âme sur la corde à linge
Comme un épouvantail sur la pelouse verte
Le soleil se mire dans les toiles d’araignées
pendues aux lucarnes de ma maison
Et les vitres sales sont des linceuls
d’où l’on voit les vivants soupirer
Le thé chaud et les parties d’échec,
nos rires blottis dans des foulards;
Tant d'antidotes promis aux pluies septembrales
Je redoute l’automne comme un incendie
Rien à ajouter
Je ne lis pas pour passer le temps
Mais pour abattre les mornes soliloques des veilleurs
Guettant l’hiver comme un cancer
dans nos os mortels
Bientôt Noël et le chant des anges
Qui s’estompe dans les yeux voilés
De ceux qui ont un jour eu le coeur brisé
Je veux passer l’hiver allongée dans la neige
Engourdir mes dernières pensées
Regarder les étoiles comme autant de crépuscules
Dans un ciel muet
Et les vieux os boiront Noël au goulot d’une séculaire bouteille de vin
Attendant la mort
Comme d’autre le journal, un lundi matin
Le printemps est un idiot qui revient toujours sur lui-même
La beauté amère de Rimbaud
Nous mettrons feu aux bourgeons de cette saison insensée
Trop encensée par les poètes
D’un temps où les saisons se levaient
Comme les dieux que nous avons abattus
Pour alimenter le feu dans l’âtre
L'hiver, il faut bien se garder au chaud.
Ce que je trouve agréable quand je lis ce que tu écris, c'est que j'ai toujours le besoin de relire une deuxième fois, tout de suite après. Il y a toujours quelque chose de subtil que j'ai manquer la première fois.
RépondreSupprimerCe que j'aime beaucoup dans ce poème, et ça tu le réussis pas mal tout le temps, c'est à quel point il est calme et doux, malgré le côté plus sombre des mots.
De simples mots et pourtant tant d'émotions. Tes poèmes me touchent toujours.
RépondreSupprimerBravo
Céline